Les roms
L’APPARITION DE LA FIGURE DE L’IMMIGRE DANS LES MEDIAS FRANÇAIS DURANT LES ANNES 1970
Le débat sur l’immigration n’est pas apparu dans les années 1980, avec la gauche au pouvoir, l’émergence des jeunes générations issues de l’immigration et la montée du Front national. Une analyse attentive des medias prouve que c’est au début des années 1970, au moment où s’achèvent les Trente Glorieuses, que l’intérêt pour le sujet se développe : travail en usine, logements insalubres, douleur de l’exil, discriminations subies par les migrants retiennent l’attention de la presse, de la radio et de la télévision. Sans provoquer de réel débat – les étrangers n’étant pas considérés comme « intégrables » -, le premier contact établi sur le mode de la découverte fait apparaitre une réalité inquiétante, qui engendre un sentiment de culpabilité chez les Français. Les travailleurs immigrés, nombreux dans l’Hexagone, ne sont pas accueillis dignement et la grande misère de leur vie quotidienne n’a suscité jusqu’alors qu’indifférence et rejet au nom de présupposés ethniques et sociaux.
Tabou depuis la Seconde Guerre mondiale, le « retour » de la question du racisme dont les medias s’emparent, provoque à nouveau un malaise collectif, enfoui depuis les années 1930. Les travailleurs immigrés rencontrent beaucoup de difficultés, les enquêtes approfondis concernant les bidonvilles ou les garnis apportent les mêmes conclusions : les migrants vivent dans des conditions inacceptables, indignes d’une société moderne.
En dressant un état des lieux des foyers pour immigrés, les medias, choqués, découvrent un problème d’ordre général : dans la banlieue parisienne, à Clichy, Ivry, Montreuil, Bagnolet ou ailleurs, le même fait divers aurait pu se produire. Plusieurs enquêtes élargissent le tableau misérable des foyers pour immigrés à l’ensemble de la région parisienne ; la presse, notamment, décrit le cadre « sordide et ignoble » des taudis de la capitale. Analphabètes, tuberculeux,