Les stances de rodrigur
Le dilemme qui occupe Rodrigue est centré autour de la notion de devoir. Il pense avoir des devoirs autant envers son père (en ce qui concerne l’honneur) qu’envers sa maîtresse (en ce qui concerne l’amour). Il s’exclame au vers 322 : « Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père » ; puis, au moment où se situe le retournement de situation, dans la dernière strophe : « Je dois tout à mon père avant qu’à ma maîtresse ». L’équilibre des hémistiches souligne l’aspect insoluble de la situation : en fait ni le père ni la maîtresse ne l’emporte. L’un et l’autres sont respectés tant que Rodrigue respecte sa propre gloire. Il mourra au combat ou de tristesse, mais rendra son « sang pur » comme il l’a reçu. La souillure morale serait aussi souillure physique, d’autant que le sang renvoie aussi à l’honneur familial. Après un moment d’hésitation, qui crée du suspense, il semble préférer l’amour à l’honneur (vers 321). Pourtant, soudain (vers 331), il décide finalement de sauver son honneur. Il provoque ainsi l’étonnement du spectateur (noter, de plus, la rudesse de l’allitération en « r » (Mourir/tirer/raison). L’anaphore du verbe « mourir » sert à souligner la rupture d texte (jeu sur la valeur des modes. Vers 330 : « Mourons » : impératif résigné / Vers 331 : « Mourir » : infinitif exclamatif qui exprime la surprise et la colère). À la fin du monologue, le dilemme semble résolu : Rodrigue a choisi de défendre l’honneur de son père et le sien. Même sans didascalie, il est évident que ce passage correspond à une rupture de ton pour l’acteur qui joue Rodrigue.
2. Oppositions et antithèses
Le texte repose sur une accumulation d’oppositions binaires qui met en valeur la figure du dilemme. Bien qu’il s’agisse d’un monologue, l’action n’est pas statique : ce monologue est délibératif. Rodrigue hésite entre deux solutions qui lui semblent tout aussi détestables. Il passe en revue leurs avantages et leurs inconvénients