Les transformations économiques en algérie
Algérie
Privatisation ou prédation de l’État ?
Pagination de l'édition papier : p. 177-194
Nous n’allons pas assainir, nous vendrons… L’État ne veut pas mettre un dinar de plus dans les entreprises publiques qui sont régies par le droit commercial. Il appartient au droit commercial et aux forces du marché d’agir comme ils l’entendent.
A. Temmar1
1 A partir de l’étude du cas algérien, nous aimerions montrer que les politiques néolibérales des institutions internationales peuvent produire des transformations sociopolitiques complètement différentes des seuls effets économiques escomptés.
2 Les recommandations des institutions financières internationales sont commandées par une double idéologie. Économiquement, c’est l’idéologie libérale dite du consensus de
Washington qui est dominante. Pour résumer brièvement l’argument : dans une économie libéralisée, la libre compétition des acteurs dans un jeu concurrentiel engendre la croissance à travers les mécanismes du marché. Politiquement, c’est l’idéologie de la démocratisation qui est prépondérante : le développement de la société civile est un moteur de la démocratisation.
La combinaison des deux crée une rhétorique pseudo‑savante qui allie démocratisation, société civile et libéralisation (Fligstein, 1997 ; Hibou, 1998 ou Stiglietz, 2002). Sur le terrain, les acteurs mobilisent ces catégories et ces concepts pour s’opposer, se démarquer, s’intégrer, se définir, bref pour se faire entendre face à un pouvoir politique et des institutions peu ouvertes ni habituées au dialogue. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste et mobilisent le vocabulaire libéral et la rhétorique de la démocratisation pour faire face à la contestation, garder leurs prérogatives et maintenir une façade moderne vis‑à‑vis des interlocuteurs internationaux. Malgré les nombreuses et sérieuses critiques qui mettent en cause le bien‑fondé de l’application pratique et théorique de cette double