Les vraies richesses giono
1764 mots
8 pages
« On a dû te dire qu'il fallait réussir dans la vie ; moi je te dis qu'il faut vivre, c'est la plus grande réussite du monde. On t'a dit : « Avec ce que tu sais, tu gagneras de l'argent ». Moi je te dis : « Avec ce que tu sais tu gagneras des joies. » C'est beaucoup mieux. Tout le monde se rue sur l'argent. Il n'y a plus de place au tas des batailleurs. De temps en temps, un d'eux sort de la mêlée, blême, titubant, sentant déjà le cadavre, le regard pareil à la froide clarté de la lune, les mains pleines d'or mais n'ayant plus force et qualité pour vivre ; et la vie le rejette. Du côté des joies, nul ne se presse ; elles sont libres dans le monde, seules à mener leurs jeux féeriques sur l'asphodèle et le serpolet des clairières solitaires. Ne crois pas que l'habitant des hautes terres y soit insensible. Il les connaît, les saisit parfois, danse avec elles. Mais la vérité est que certaines de ces joies plus tendres que les brumes du matin te sont réservées à toi, en plus des autres. Elles veulent un esprit plus averti, des grâces de pensées qui te sont coutumières. Tu es là à te désespérer quand tu es le mieux armé de tous, quand tu as non seulement la science mais encore la jeunesse qui la corrige. »
Jean Giono, les vraies richesse, 1937
Tu ne pourras rien posséder sans la pauvreté
Introduction
L’instinct de possession et ses dérives dans la société moderne, quand la survie n’est plus un impératif quotidien et que la maîtrise de la nature permet aux individus de choisir leur destinée. Naissance d’une puissante idéologie. L’argent, un outil de cette autonomie mais aussi un instrument de l’illusion idéologique. Enjeu, ce “moi” moderne qui aspire à être un individu souverain, responsable, émancipé, détenteur des moyens de ses ambitions. Toujours posséder plus, ne jamais posséder assez.
Avoir peur de perdre ou de ne pas gagner autant que possible. L’individualisme inquiet.
Accumuler de l’argent (la cassette) mais sans jamais en jouir. Vivre pour gagner