Lettre a menecee
Toujours dans cette optique de calcul, Epicure va ensuite développer, dans la partie suivante, les avantages qu’il y a à se contenter de peu.
Epicure donne la thèse de sa deuxième partie « c’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même ». Faut-il y voir l’idéal autarcique grec tel qu’on le trouve chez les prédécesseurs d’Epicure ? Se suffire à soi-même, c’est ne pas dépendre d’autre chose (comprendre les plaisirs non nécessaires). Epicure encourage à se contenter de peu. Pourquoi ? Dans une philosophie hédoniste qui fait du plaisir le principe du bonheur, pourquoi se contenter de peu alors qu’une lecture naïve de l’hédonisme encouragerait à poursuivre les plaisirs et à les accumuler ?
Epicure va d’abord écarter une fausse explication avant de présenter les trois raisons pour lesquelles il faut savoir se contenter de peu.
Epicure récuse l’explication selon laquelle il faudrait toujours vivre « de peu », c’est-à-dire avec pas grand-chose. Le philosophe n’encourage pas à vivre dans le dénuement ou la pauvreté. Faisons une distinction. Epicure ne dit pas qu’il faut vivre avec peu. Epicure dit qu’il faut savoir vivre avec peu (et savoir l’apprécier).
La première véritable raison est que si l’abondance et les richesses viennent à manquer, ceux qui savent se contenter de peu ne sombreront pas dans la souffrance. Ils auront toujours ce peu et ils sauront déjà en tirer du plaisir.
Imaginons un contre-exemple. Imaginons un noble athénien extrêmement riche, habitué à mener la grande vie : vins, fêtes, théâtre, etc. S’il est ruiné du jour au lendemain à cause d’une guerre ou d’une épidémie, il perdra toutes ses possessions matérielles. S’il passe ses journées à ruminer sa fortune perdue, s’il se plaint du goût de l’eau et du pain, cet homme ne sera jamais heureux.
La deuxième raison étant que ceux qui ne vivent pas dans l’abondance y prennent plus de plaisir quand celle-ci se présente. Exemple : si nous avons