Lettres sur le mal
« La connaissance du mal est inadéquate » (L’Ethique, IV, 64)
Le mal est-il ? N’est-il que la privation du Bien ? Comment Dieu a-t-il pu créer Adam pécheur ? Comment concevoir à la fois un Dieu bon et la présence du Mal ?
Leibniz « Si deus est unde malum, si non est unde bonum » (Si Dieu est d’où vient le Mal, s’il n’est pas d’où vient le Bien ?)
Dieu est la cause de la substance de l’âme, mais aussi de tous les efforts ou mouvements que nous appelons volontés. Il n’y a donc aucun mal dans le mouvement ou la volonté de l’âme ou Dieu produit lui-même le Mal.
L’âme d’Adam veut manger du fruit défendu. La volonté d’Adam veut par l’influence de Dieu, c’est-à-dire que c’est par l’influence de Dieu que l’âme veut précisément ce qu’elle veut. Dieu met en mouvement la volonté d’Adam, dans le sens déterminé où elle se meut : soit l’acte défendu n’est pas un mal, soit Dieu lui-même fait directement ce que nous appelons le mal.
Blyenbergh et Spinoza sont d’accord : le mal est un non-être. Il n’y a pas de coopération de Dieu au non-être. La volonté n’est pas distincte de l’âme, elle n’est autre chose que le mouvement ou l’effort de l’âme, donc pour un mouvement, la volonté a toujours besoin du concours de Dieu. Dieu détermine la volonté bonne et mauvaise. La volonté de Dieu est la cause unique de toute substance et de tout effort, il paraît être aussi la cause première d’une volonté mauvaise. Il ne se fait en nous aucune détermination de la volonté que Dieu ne l’ait connue dès l’éternité. Dieu ne peut ignorer notre volonté, car c’est un être parfait. Les décrets de Dieu sont les causes de nos déterminations. Donc une volonté mauvaise n’est pas un mal, ou Dieu est la cause immédiate et l’agent de ce mal.
Pas de distinction entre l’acte et le mal inhérent à l’acte ; l’acte et le mode de l’acte étaient des décrets de Dieu. Dieu n’a pas seulement décidé qu’Adam mangerait mais il a aussi décidé qu’il mangerait nécessairement contre l’ordre