Linguistique contrastive
FIPLV WORLD CONGRESS 2006 GOTEBORG – SWEDEN 15-17 JUNE 2006
1 Introduction
Quand on traite du problème linguistique d’un pays du Maghreb, c’est bien plus qu’une approche linguistique ou discursive à laquelle on a décidé de s’atteler. La question linguistique au Maghreb et plus particulièrement en Tunisie est très complexe et ne se résume pas à un outil de communication ou d’interaction. D’aucuns réduisent et résument la situation ou le profil linguistique de la Tunisie à une simple diglossie fonctionnelle, à un double registre ou à deux niveaux de langue qui s’exercent selon les besoins de la situation et du contexte. En limitant l’analyse à l’observation linguistique et pragmatique, on procède à une opération d’occultation du vrai problème qui est constitutionnel, dont les véritables enjeux s’appellent identité, rapports sociaux, religion et légitimité. En plus du dualisme interne à la langue arabe, commun à tous les pays arabes, qui se distingue par la variété dialectale de chaque pays et la variété littérale classique, le français a fait son apparition à travers la colonisation dans les pays du Maghreb et représente depuis, d’abord, la langue du colonisateur et de l’oppression puis celle de l’ouverture et de la réussite et enfin celle de l’aliénation, une entrave à l’accomplissement et l’épanouissement de l’être. Cette situation qui dure jusqu’aujourd’hui va nous conduire à nous poser la question suivante : est-ce que le français jouit toujours d’autant de légitimité et de prestige ou est-ce qu’il est en train de subir les conséquences des crises majeures que rencontrent les pays du Maghreb dont la Tunisie, mettant en cause la montée d’une affirmation identitaire monovalente ?
1. Le profil ethnolinguistique de la Tunisie Bien que la Tunisie soit un pays arabe avec une homogénéité