Un rais pâle de soleil couchant, touche tout à coup en face de moi le sable gorgé de pluie, je reviens de mon exaltation comme d’un songe, je reprends pied parmi les phénomènes physique. La horde turbulente des nuages s’éloigne dans le ciel calmé et la terre, ayant étanché toutes ses soifs, étale sous mes yeux sa fraîche chair humide, contente jusqu’à la satiété, rechargée de magnétisme, lustrée d’une vie neuve. L’air désencombré des nuées baigne d’une autre eau légère où bondissent les courants d’ozone, et les arbres tout à l’heure aigrettés de feu de feu Saint-Elme, parcourus de volts innombrables, ont l’air de se remémorer ces communications effrayantes où tout dialoguait tout à l’heure, en termes de foudres et d’éclairs ! Langage cosmique ai-je pensé moi-même d’ailleurs, ou tout au moins traduction planétaire. Les orages magnétiques, amassés chaque jour aux deux pôles terrestres, s’expriment pareillement en lueurs et flammes et lancent vers le soleil leurs longues télégraphies telluriennes. L’Univers entier parle le langage du feu, l’alphabet en est là visible tous les soirs sous l’apparente confusion des étoiles où passe parfois le point exclamatif d’une comète, mais nous n’avons pas encore appris à lire ce parchemin céleste, le palimpseste sidéral que chaque éternité surcharge. Mes chats et mon chien à mes pieds regardent avec moi s’apaiser l’orage, s’éloigner les averses d’eau et de feu, s’éteindre ces torches, ces lueurs ! Terre et ciel ont fini d’interférer leurs circuits de flammes, de transmettre leurs mots en feu. L’ondée magnétique et l’ondée d’eau retirent leurs pénétrantes lances brillantes de ce sol mille fois foudroyé et parce que le soleil couchant sombre à son tour, il semble que toute la vie de la lumière se retire de ce monde … Non, car les yeux des bêtes, levés vers moi, me montrent une autre version du message : sa flamme maintenant froide, sa combustion immobile, un point igné lui aussi et qui brûle comme brûlait tout à