Sujet : Lorenzaccio : tragédie politique ou drame psychologique ?

« Il est des échecs plus sublimes que les réussites » dira André Stegmann à propos de la vaine tentative de Lorenzo. Par son meurtre, il ne parvient ni à ramener la république, ni à redorer son image. Ces deux dimensions qu’il confère à son acte nous amènent à nous demander si Lorenzaccio est un drame psychologique ou une tragédie politique. En d’autres termes, est-ce que l’un des aspects de la pièce prédomine sur l’autre ? Nous verrons que le drame romantique est une forme théâtrale qui allie Histoire et héros solitaire au destin sombre.

En dépit des libertés prises par Musset, Lorenzaccio est considéré comme un drame romantique. Cette forme théâtrale se caractérise par un refus de la règle des trois unités, de la bienséance, le mélange des genres et le rejet du moralisme entre autres. Des héros singuliers viennent remplacer les personnages stéréotypés des XVIIe et XVIIIe siècles. Les héros romantiques sont solitaires et ont un destin sombre. Marginaux, ils incarnent le « mal du siècle ». Confrontés à la médiocrité de la société, ils se révoltent, mais la fatalité finit toujours par les rattraper. Dans le drame romantique, l’Histoire a valeur d’exemplum et doit permettre au spectateur (ou au lecteur) d’appréhender son époque avec un nouvel angle de vue.
En rédigeant Un spectacle dans un fauteuil, Musset se libère des carcans qu’impose la représentation théâtrale. Il néglige l’unité d’action au profit de trois intrigues concomitantes qui illustrent l’impuissance de l’action politique. Loin des clichés de la Florence pittoresque qu’on pourrait attendre, Musset nous livre une peinture morale de la ville, rongée par la débauche et l’immoralité. Derrière Florence, Paris transparaît au fil d’anachronismes « le bonnet de la liberté »