Lucrèce
Introduction
Principes de physique épicurienne
Le recours à la rhétorique
Intérêt poétique
Conclusion
INTRODUCTION
Si vous appréciez les escapades dans les villes d'art italiennes, vous ne manquerez pas d'aller visiter l'église Ognissanti de FLORENCE. On y trouve une fresque murale de GHIRLANDAIO représentant l'un des personnages les plus considérables de la chrétienté, saint JÉRÔME (347-420). Dans l'iconographie médiévale, il est habituellement présenté comme un maigre vieillard vêtu d'un manteau rouge et accompagné d'un lion. GHIRLANDAIO a plutôt choisi de retenir deux accessoires : les lunettes et le Livre pour rappeler que JÉRÔME fut un grand lettré, l'un des derniers formés aux trois cultures : latine, grecque et hébraïque, avant la dissociation de l'Occident et de l'Orient. Il est resté dans l'histoire comme l'auteur de la VULGATE, traduction de la Bible en latin qui fit autorité. Il était intransigeant et dur dans ses exigences ascétiques même si certaines de ses fréquentations féminines firent en leur temps jaser... Son christianisme militant et son double idéal de lutte contre la nature et de passion pour la culture le destinaient tout naturellement à s'inscrire en faux contre la doctrine d'EPICURE. Quelques années avant 378 il produisit une notice sur LUCRÈCE :
"Titus Lucrétius, le poète qui, rendu fou par un philtre amoureux, rédigea dans les intervalles de sa maladie quelques livres, corrigés ensuite par CICÉRON, et se donna la mort dans sa 44ème année."
Ce portrait succinct est à la source de trois légendes également contestables et imméritées. Le philtre amoureux renvoie à l'image d'un être esclave de son corps, à la fois obsédé sexuel et apprenti sorcier... inventeur du VIAGRA avant la lettre. Jusqu'à la fin du XVIII° siècle les épicuriens se feront traiter de "pourceaux d'EPICURE", or il s'agit d' un contresens car ce qu'ils considèrent comme le souverain bien, la VOLUPTAS n'a rien à voir avec le stupre ou la luxure.