Lussault michel, l'homme spatial
Université Paris 1
Janvier 2007
Michel Lussault, professeur de géographie et président de l’université de Tours, nous livre ici[1] un ouvrage dans la totale continuité du désormais incontournable dictionnaire[2] qu’il a dirigé avec son acolyte Jacques Lévy. Rien de bien neuf dans ce livre, qui reprend, parfois mots pour mots, les entrées du dictionnaire, si ce n’est que ces définitions sont mises en récit et illustrées par des exemples. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur deux « courts récits » narrant d’une part l’épisode du tsunami étant survenu au large du littoral indonésien en Décembre 2004, et d’autre part le refus d’une américaine noire de céder sa place dans le bus contrairement à ce que la loi ségrégative de l’époque exigeait. Ces deux exemples seront régulièrement repris, et complétés par d’autres, en renfort à la démonstration théorique. Ce livre qui se présente comme « un mode d’emploi de l’espace humain » est composé de trois parties : les deux premières (« L’espace des sociétés », « Faire avec l’espace ») développent la théorie de l’espace telle que la conçoit Michel Lussault, la dernière partie (« Variations géographiques sur le thème de l’urbain ») étant plutôt une étude de cas et une application de la théorie à un espace spécifique : l’urbain.
A noter en préambule que Michel Lussault aborde la géographie comme science de l’espace et qu’il cherche donc à la définir par son objet d’étude. Les géographes analysent l’espace terrestre depuis l’Antiquité, mais l’« espace géographique » n’est devenu que récemment le porte-drapeau et concept-roi de la discipline. Si les géographes ont toujours eu une vision spatiale des faits, ils l’exprimaient avec des concepts différents tels que le « lieu » (portion de surface terrestre), la « région » ou encore la « surface terrestre ». C’est dans les années 1960 que l’espace s’est imposé comme paradigme. Ainsi Pierre George, dans son dictionnaire[3], définit la géographie comme « science