Médée, acte v, scène 2 - explication linéaire
Confrontée à la trahison de Jason qui la répudie pour épouser la jeune princesse Créuse, l'héroïne éponyme de la pièce décide de se venger en tuant non seulement sa rivale, mais aussi ses propres enfants, dont le conquérant légendaire de la Toison d'or est le père. Le texte dont nous allons proposer l'explication est extrait de la deuxième scène du cinquième acte. Il s'agit du début d'un monologue dans lequel Médée expose les sentiments contradictoires qui la traversent et son irrépressible désir de vengeance. [Lecture]. Il s'agira pour nous de montrer en quoi ce monologue apparemment délibératif permet en fait au dramaturge de dresser le portrait d'un personnage en proie à des passions qui font de lui l'incarnation monstrueuse du mal le plus …afficher plus de contenu…
Elle est cependant en proie à un grand trouble, comme le montre l'hémistiche « Mais ils sont innocents ». La conjonction de coordination « Mais » a ici une valeur argumentative dans la mesure ou elle récuse la conclusion implicite de la proposition précédente (« [ils] ne sont plus à moi » donc je peux les tuer). L'innocence des enfants plaide en leur faveur. Mais cette réticence est de courte durée : le frère de Médée était lui aussi innocent, ce qui n'a pas empêché la sorcière de le tuer. Ce qui est remarquable ici, c'est que l'essentiel du raisonnement reste implicite, non dit : la folle colère de Médée est ainsi mise en évidence, dans la mesure où ses pensées semblent aller plus vite que ses paroles, forcément elliptiques. Le vers 12 illustre de nouveau la mauvaise foi dont use Médée : ses enfants seraient « trop criminels »