Mamaia
Les Toohitu : un contre-pouvoir aux Pomare ?
Tati chef de Papara
Les Toohitu vont devenir durant les années troubles 1824-1832 le principal appui de l'ordre moral et social mis en place par les missionnaires et dont les Pomare ne sont plus provisoirement les garants.
Pomare III meurt, enfant, en 1827. Sa sœur Aimata n'a que seize ans (environ) lorsqu'elle monte -très discrètement- sur le trône sous le nom de Pomare IV. Les missionnaires se plaignent de sa conduite immorale et le pouvoir repose en réalité entre les mains des principaux chefs de Tahiti, également membres du conseil des Toohitu, dont Tati de Papara, Hitoti de Tiarei, Utami de Punaauia et Paofai, porte-parole des Toohitu. Dans ses écrits, William Tagupa rappelle à raison le conflit qui survient en 1829 entre les Toohitu et Pomare IV au sujet des mœurs dissolues de celle-ci (1). De même, en 1831, les Toohitu jugent-ils et révoquent-ils les chefs partisans du mouvement prophétique et millénariste Mamaia auquel s'était jointe la jeune souveraine, qui pour sa part a finalement accepté de rentrer dans le rang.
L’« hérésie » Mamaia constitue une remise en cause des missionnaires et des lois civiles comme religieuses qu'ils ont introduites, mais pas de tous les aspects de la culture chrétienne qui a déjà grandement fait corps avec la culture ma'ohi. La question de savoir si Pomare IV rejette elle aussi les lois (du christianisme et du royaume) va plus loin qu'un simple conflit avec les missionnaires. Avec le mouvement prophétique Mamaia, le millenium est censé avoir déjà commencé, et il n'y a plus ni loi, ni péché (2). Une ère d'abondance est promise à tous ses adeptes. En attendant, la luxure est permise avec un retour partiel aux plaisirs, danses et tatouages des temps anciens. C'est autant le caractère subversif de ce mouvement à l'égard de l'ordre missionnaire dont ils sont les garants, qu'à l'égard de tout pouvoir terrestre, que les Toohitu redoutent. Pomare IV