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Marion
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Pourquoi l’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut est-elle devenue Manon Lescaut ?

Publié et ignoré une première fois en 1733, ce que la postérité retiendra comme la principale œuvre de l’Abbé Prévost obtient finalement le salut du public en 1753 sous le titre de l’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut. Crédité par l’auteur dans son « Avis aux lecteurs » d’une forte valeur morale, l’œuvre se présente sous la forme d’un court roman dans lequel le principal narrateur, le Chevalier Des Grieux, lui-même introduit par un astucieux schéma de roman enchâssé, rapporte les diverses péripéties dont il fait les frais à partir de sa rencontre avec Manon Lescaut, une jeune femme séduisante aux mœurs pour le moins légères. Mais, fait étrange, le titre du roman a évolué pour ne plus se réduire qu’au nom de cette femme. Comment l’expliquer ? Il convient d’abord de rappeler la fonction même du titre, qui nous mènera à la double lecture possible, au double aspect tragique et comique du roman, lui-même fortement lié au personnage désormais seul éponyme du roman : Manon Lescaut.

Pour toute œuvre, littéraire ou non, le titre a une fonction très importante. En effet, non seulement il renseigne sur le contenu de l’œuvre, mais il marque aussi les intentions de l’auteur. Ainsi, il permet de faire naître chez le lecteur un certain nombre d’attentes. Ainsi, l’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut évoque explicitement la forme de l’œuvre, une « histoire », terme à l’époque utilisé couramment pour désigner le roman. Par ailleurs, il permet de donner un certain nombre de renseignements sur les personnages en présence. Ainsi, on reconnaît une certaine noblesse au Chevalier Des Grieux : la particule le marque, et le titre de chevalier se rapporte a priori à son appartenance au domaine religieux. Par opposition, Manon Lescaut, très court d’abord, est premièrement désignée par son prénom, ce qui témoigne de son infériorité