Manon lescaut
A. Une joute [combat] verbale… entre deux amis. 1. Des Grieux discrédite [dico], non pas l’adversaire, mais le prétendu « succès » de celui-ci. Page 105-106 de notre édition, relisez les deux paragraphes qui précèdent l’extrait du manuel : Tiberge a qualifié de « contradiction d’idées et de conduite » l’aveu de Des Grieux « toujours tendre [amoureux de Manon], et toujours malheureux par cette fatale tendresse dans laquelle je ne me lasse point de chercher mon bonheur. » - « il vous aisé de vaincre, lorsqu’on n’oppose rien à vos armes ! » (l.1-2) signifie donc : il vous est aisé de ne pas être amoureux, et donc de ne pas subir les sentiments contradictoires, irrationnels des amoureux (à la fois heureux et malheureux, malheureux surtout lorsque leur maîtresse est infidèle, frivole), lorsqu’aucune femme irrésistible comme Manon ne vous a conquis ! C’est facile d’être vertueux [dico, Vertu] lorsqu’aucune force irrésistible ne vous pousse sur de mauvais chemins ! C’est facile de ne pas être libertin lorsque rien ne vous oblige à vous libérer des règles de la morale chrétienne ! « Tiberge, repris-je, qu’il vous est aisé de vaincre, lorsqu’on n’oppose rien à vos armes ! » (l.1-2) - L’apostrophe [dico] « Tiberge » saisit l’attention de l’interlocuteur. - La métaphore filée (« vaincre », « armes ») rejette, avec une clarté didactique [dico] mais avec des couleurs polémiques [dico], le raisonnement, la critique, le sermon [dico] de Tiberge. - Exclamation (« qu’il vous est aisé… ! ») non pas ironique mais condescendante [dico]. Tiberge sait sans doute ce qu’est l’amitié, ce qu’est la foi mais il ne sait pas ce qu’est l’Amour ! Une fois relativisée la « victoire » de Tiberge, l'impératif « Laissez-moi raisonner à mon tour » (l.2) crée un espace favorable au développement du raisonnement du jeune amoureux. Nous, lecteurs, l’écoutons aussi… 2. L'amitié entre les deux hommes