Marchés financiers et croissance economique
Marchés financiers et développement économique : une approche historique
Pierre-Cyrille Hautcoeur EHESS-PSE hal-00532862, version 1 - 4 Nov 2010
Paru dans Regards croisés sur l’économie, 2008/1 - N° 3
Toute l’ambiguïté de l’expression « marchés financiers » tient à la distance entre le concept et la réalité historique et vécue. En théorie, les marchés financiers incluent l’ensemble des moyens par lesquels des instruments financiers (des créances en première approximation) sont échangés librement, que ce soit entre un prêteur et un emprunteur (le marché primaire) ou entre détenteurs de ces créances (le marché secondaire). Ces échanges peuvent prendre des formes concrètes très variées, dans lesquelles le rôle central peut être joué par des banques, d’autres institutions financières publiques ou privées, voire des institutions non financières. Pourtant, lorsqu’on parle de marchés financiers, on pense en premier lieu à des organisations spécifiques, les « bourses de valeurs », dédiées à l’échange de titres (actions et obligations). Ce sont ces bourses, Euronext, le New-York Stock Exchange, la Bourse de Tokyo, qui constituent aujourd’hui visiblement le cœur du marché financier. Ce rôle central est renforcé par la théorisation des marchés financiers sur le modèle des bourses depuis Walras, qui a souligné la valeur de la centralisation des opérations pour la liquidité et l’obtention d’un juste prix à l’équilibre des offres et des demandes de capitaux. Même si cette vision a été relativisée au profit d’une approche plus décentralisée de la concurrence censée réaliser l’équilibre du
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marché quels qu’en soient les organisateurs, il reste que les marchés boursiers restent la référence implicite des travaux de finance tant empiriques que théoriques. L’écart entre ces deux définitions des marchés financiers est également ressenti par tous ceux qui ont tenté de mesurer le