Marché et éthique sont-ils compatibles?
Il y a quelques jours, Peugeot Motocycles a proposé à ses ouvriers de travailler davantage pour le même salaire sous peine de délocalisation de l’usine dans un pays où la main d’œuvre est meilleur marché. Ce « chantage à la délocalisation » pose la question de la morale dans l’économie.
En effet, une telle proposition laisse à penser que le monde des affaires prend plus de place dans nos sociétés que le bien être des hommes. Or, l’éthique, qui désignera ici l’ensemble des valeurs morales ayant vocation à poser le bien être collectif comme principe premier, voudrait que l’économie soit au service des hommes et non l’inverse.
Pourtant, le marché, ce lieu virtuel ou réel de rencontre entre offreurs et demandeurs d’un bien, a pour but de réguler au mieux le système des échanges entre humains. En situation de concurrence pure et parfaite, le marché garantit par son fonctionnement un optimum collectif, synonyme de bien être collectif.
Néanmoins, les exemples d’actualité ne manquent pas pour prouver que non seulement le marché ne garantit pas le bien être collectif, mais qu’en plus il serait en tant que tel destructeur de bien être. C’est pourquoi nous pouvons nous demander dans quelle mesure marché et éthique sont compatibles.
Pour apporter un éclairage à ce sujet complexe, nous verrons dans un premier temps que marché et valeurs morales collectives paraissent difficilement compatibles. Puis, dans un second temps il sera question d’envisager les degrés de compatibilité entre ces deux termes tant il semble que le marché comme système de régulation des échanges marchands soit généralisé.
I Marché et éthique paraissent difficilement compatibles. A/ Le marché, un outil efficace qui ne porte pas de regard sur la nature des biens échangés
1) Marché = système d’échange visant à satisfaire l’ens des offreurs et des demandeurs== Une seul vérité, le prix d’équilibre, donc, fondamentalement, le marché ne porte pas de regard « moral » sur les biens. (doc 2)