Marivaux
Arlequin parle d’une façon savoureuse de M. Orgon et de sa fille. Mais, se mettant à s’exprimer avec le langage et sur le ton d’un aristocrate, il prend plaisir à effrayer un peu Dorante en lui montrant qu'il est fort capable de traiter de défroques, de «friperie», les vêtements des gens du beau monde, et de «pousser sa pointe» tout comme un autre (comme tant de laquais parvenus) ; il tient aussi des propos qui, dans d'autres circonstances ou dans une autre bouche, auraient été pour les aristocrates de l'époque, extrêmement inquiétants : «Quand j’aurai épousé, nous vivrons but à but.»
Dans ‘’La vie de Marianne’’, roman de Marivaux, il arrive à l'héroïne de s'entendre dire : «On a rangé [disposé une fois pour toutes] les conditions» ; mais, dans ‘’Le paysan parvenu’’, autre roman de Marivaux, le héros, un jeune valet, dit à son maître avec un certain aplomb : «Prenez [supposez] que je sois vous et que vous soyez moi.» Dans sa gratuité même, Arlequin n'ayant, semble-t-il, pas d'autre but que de se faire plaisir, la scène 7 est de nature à faire réfléchir, quelques instants, sur l'injustice qui consistait à affirmer le caractère immuable des conditions