Massacre en Corée , Pablo Picasso. 1951

Technique et contexte de production. Il s'agit d'une peinture à l'huile sur contreplaqué de grand format (110 sur 120 cm). Cette oeuvre constitue à la fois une reprise et un détournement (une « actualisation ») du tableau de Goya « El très de Mayo », représentant les troupes napoléoniennes fusillant des civils en Espagne en 1808. Pablo Picasso (1881-1973) a peint ce tableau six mois après le début de la guerre de Corée (1950-1953). La Corée du Nord, communiste, soutenue par la Chine et l'URSS, a attaqué par surprise la Corée du Sud, soutenue par le Bloc de l'Ouest et en particulier les Américains. Ces derniers décident d'intervenir. La guerre s'achève en 1953 sans avoir modifié la frontière de 1950 (le 38ème parallèle) et en ayant causé plus de deux millions de victimes, dont une majorité de civils. A noter que ce tableau correspond à une période où Picasso prend ses distances avec le Parti Communiste.

Description (analyse dénotative). Au sein d' un plan d'ensemble, le tableau met en scène deux groupes de personnages qui forment contraste, les victimes et leurs bourreaux. Les oppositions (antithèses) sont nombreuses : à la nudité des femmes répondent les cuirasses des soldats (mi-nus toutefois), aux courbes féminines la rigidité des lignes horizontales et verticales définissant les hommes. En outre, si les visages des femmes apparaissent au grand jour, ceux des hommes restent anonymes derrière leurs casques, exception faite du personnage de droite, probable incarnation du pouvoir si l'on se réfère à l'épée qu'il tient. La gradation de la peur est particulièrement lisible chez les femmes à mesure qu'elles se rapprochent du spectateur, de celles qui ne semblent pas avoir pris conscience de l'imminence de la mort jusqu'à celles dont les traits déformés (d'inspiration cubiste) traduisent la terreur et le désespoir. Les visages, dirigés vers le spectateur, semblent le prendre à témoin