Meurseult

1272 mots 6 pages
Fils d'une époque où les atrocités de la Deuxième Guerre Mondiale avaient dévoilé le tragique de la vie, et touché prématurément par l'expérience de la mort (son père étant disparu lors de la Bataille de la Marne, en 1914), Camus a construit dans L'Étranger un personnage qui reflète à la fois les perplexités d'un vécu autobiographique, les spéculations "existentielles" d'une époque et l'ambiguïté intrinsèque de la fonction dont l'auteur le voulait porteur.
"Homme sans qualités" (le roman de Robert Musil étant publié à la même époque) ou relecture moderne du "bon sauvage" de Rousseau, la naïveté de Meursault rend en définitive relativement ambigüe tout interprétation du personnage.

Souvent considéré par les critiques comme un "attardé mental", un "primitif", ou au contraire un prévoyant, un héros, un "martyr de la vérité", ce "seul Christ que nous méritons" (comme Camus même l'a défini) garde jusqu'au dénouement du récit un voile d'inintelligibilité qui illustre peut-être la volonté camusienne de ne pas faire de L'Étranger (différemment de La Nausée de Sartre, publiée quelques années auparavant) une "philosophie en images", ou, encore moins, un "roman à thèse" où les personnages sont censés représenter la "démonstration littéraire" d'un théorème construit a priori.

Ouvert à tout analyse, donc, Meursault nous offre néanmoins quelque indice, quelque piste qui nous permet d'orienter la recherche. Car s'il est vrai, comme il le semblerait, qu'il devient au cours du roman une sorte d'"incarnation de l'absurde", il est d'autant plus vrai qu'à travers ce personnage Camus n'hésite pas à dénoncer - d'une façon aussi efficace que désabusée - la société "hypocrite et conformiste" où il l'a fait vivre. Ainsi, le personnage camusien se définit par rapport à (et par contraste avec) une société qui semble devenir à son tour le reflet, le symbole et la représentation de l'absurdité de la condition humaine.

A travers ce jeu de miroirs, ces reflets croisés, Camus

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