Michel maffesoli - l'ombre de dionysos (notes de lecture)
(Paris, CNRS éditions, 1982, réédition 2010)
Notes de lecture.
Dévoiler le sous-sol d'une socialité demeurée à l'écart du savoir officiel : voici l’une des grandes destinées s’étant imposées à Michel Maffesoli au travers de ses écrits. Dans l’Ombre de Dionysos, il s’attache à voir dans l’orgiasme « une des structures essentielles de toute socialité », sans toutefois nier le caractère paradoxal d’une telle information. Dans son sens le plus large, le sentiment referait alors surface dans le jeu social : c’est la thèse avancée dans cet ouvrage, étoffée, cela va de soit, de nombreuses références littéraires ou historiques.
Précisons tout d’abord que par « sentiment », Maffesoli fait référence à tout ce qui n’est pas de l’ordre de la raison. En réapparaissant dans la centralité sociétale, il viendrait alors se placer en stricte opposition à l’éternelle « rigidité » prométhéenne ayant jusque là structuré le quotidien. De cette apparition découle un balancement entre la rationalité moderne et la jouissance immédiate, « l’orgie » sociale… le dionysiaque. Ce balancement rappelle celui du domaine de l’art, où Nietzsche opposait l’art apollinien connotant l'ordre, la mesure, la maîtrise de soi, le régulier… censés être le propre du génie occidental, et l’art dionysiaque, l’art de la décadence : dissolution de l'individuel dans le tout de la nature ; c’est l’art instable, discontinu, fuyant, charnel, inspiré, embrasé… Dionysos étant l’être le plus débordant de vie, la surabondance existentielle.
Dionysos est donc le « fil rouge » de l’ouvrage. Il est le sentiment, l’irrationnel, mais n’oublions pas de préciser qu’il n’existe qu’au travers de sa relation avec Prométhée. S’il s’oppose à la morale judéo-chrétienne (bien qu’on puisse déceler des aspects orgiaques dans l’évolution du christianisme, confer « l’érotique religieuse » que Maffesoli établit comme fait), il est en revanche lié aux