Mill, la regle et son usage
Introduction
L'objet du texte est de déterminer la valeur de la vérité en matière morale : est-ce un devoir, càd aussi une vertu, de dire la vérité ? Et ce devoir est-il absolu, càd n'admettant aucune exception, ou bien au contraire doit-il dans certaines circonstances, et lesquelles, être abandonné ? Le problème auquel s'attache le texte est donc d'examiner le statut de la vérité en matière morale : le mensonge est-il toujours immoral et la vérité est-elle toujours morale ? La thèse défendue par Mill sur cette question est polémique : car Mill s'oppose ici implicitement à la morale kantienne, qui a fait du devoir de vérité un devoir absolu, pour lequel aucune exception n'est tolérable. Le propos de Mill va ici être nuancé : il va essayer de concilier à la fois l'idée, qu'on trouvait déjà chez Kant, selon laquelle dire la vérité est un devoir, et l'idée (contre Kant) selon laquelle il faut fixer des limites à ce devoir de vérité. L'enjeu du texte est précisément de déterminer lesquelles : à quelles conditions peut-on s'exempter du devoir de vérité ? Selon quel(s) critère(s) ? Ces exceptions ne constituent-elles pas des difficultés potentielles, risquant de nous faire retomber dans le subjectivisme et l'arbitraire ? En quelque sorte, la position de Mill essaye de naviguer entre deux types d'écueils : celui de la rigueur kantienne d'un côté, et celui de l'arbitraire individuel de l'autre. Le texte va laisser entendre que le critère au nom duquel l'exception est tolérable est celui du plus grand bonheur collectif, qui est une des thèses centrales de l'utilitarisme de Mill. Ce faisant, il va laisser entrevoir qu'en matière morale, le critère du bonheur commun est plus important que celui de la vérité. Ce qui soulève immédiatement la question suivante : ce critère est-il satisfaisant ? Ne pose-t-il pas des problèmes et lesquels ? L'utilitarisme peut-il y remédier ? Pour ce faire, Mill procède en trois temps. A/ Le devoir de