Mini-mémoire sur l'artgadz, langue des étudiants arts et métiers
5338 mots
22 pages
En 1780, le Duc de la RocheFoulcault va fonder l'école des Arts et Métiers dans une ferme à Liancourt pour y instruire les pupilles de son régiment. L'école perdra son statut militaire en 1799 et de nouveaux centres ouvriront progressivement dans toute la France. Les étudiants y sont formés pour être les nouveaux ingénieurs, chefs d'ateliers ou d'industrie. En 1963, l'école passe finalement au rang d'École Normale Supérieure des Arts et Métiers. Les étudiants des Arts et Métiers, les Gadz'Arts comme ils se nomment, ont pendant plus de deux cents ans mis au point et affiné un nouveau langage: l'argadz, leur permettant entre autre de ne pas être compris de l'ensemble de l'administration avec qui les conflits étaient récurrents. L'argadz pourrait se définir comme un mélange de jargon militaire, industriel et mathématique, d'abréviations par différents procédés stylistiques, métaphores et d'autres manipulations de la langue pour rendre le français méconnaissable. Dans le Livre d'Or distribué à la fin de la première année d'étude par la promotion marraine, on peut lire: « Les gadzarts usent d'un argot spécifique que l'on retrouve déjà dans les années 1880. [...] Ce langage n'est pas un jargon, sa syntaxe est celle du français […]. Ce langage était forgé spontanément par une collectivité homogène, [il est] d'autant plus riche en particularités que ceux qui le créèrent demeuraient de long mois sans contact direct avec le monde extérieur. » L'argadz est en effet plus un « argot gadzarique » qu'un jargon propre à cette école d'ingénieurs: selon le dictionnaire Le Trésor de la Langue Française , le jargon désignerait un « code linguistique particulier à un groupe socio-culturel ou professionnel, à une activité, se caractérisant par un lexique spécialisé, difficilement compréhensible voire hermétique pour les non initiés », mais également un « langage résultant de l'altération, de la modification de la structure de la langue » ce qui n'est pas le cas de