Mo Yan, un écrivant chinois
莫言
Le Prix Nobel de littérature 2012 a été attribué à Mo Yan 莫言,un écrivain chinois de haute singularité. Il est singulier non seulement par sa capacité à mélanger des styles différents d’écritures - du réalisme, voire hyperréalisme mélangé avec de la fantasie1, des mythes et du surréalisme - mais aussi par sa capacité à puiser jusque dans l’âme de ses personnages pour poser des questions avec puissance et ainsi susciter les réflexions du lecteur.
C’est un homme qui cache une profonde souffrance en lui et c’est cette souffrance qui alimente son feu intérieur que l’on ressent dans chacune de ses œuvres.
De son vrai nom Guan Moye 管谟业, il est né en 1956 à Gaomi, dans la province du
Shangdong dans d’une famille de paysans. Mais comme le grand-père de Mo Yan avait un petit bout de terrain, sa famille fut classée « paysan moyen pauvre ». A cette époque, être classé
« paysan moyen pauvre » donnait une très mauvaise « origine de classe », si bien que l’enfant
Mo Yan, à l’école, fut soumis à des discriminations constantes. Vers la fin des années 50, c’est la période du Grand Bond en Avant2 en Chine où la pauvreté et la famine touchaient toute la société rurale. Lui, étant classé « paysan moyen pauvre », n’avait même pas droit aux aides alimentaires et « A cette époque, il se nourrissait d’écorce d’arbres »3 . La discrimination politique et la faim atroce ont marqué toute son enfance comme au fer rouge. Plus tard, il revint souvent sur cette période, et la décrivait avec émotion, en disant « Qu’une enfance malheureuse est une source d’inspiration infinie »4.
Pour Mo Yan, la voix des pauvres et des délaissés par la société, a toujours une grande importance. Ainsi il se sentait très attiré par eux, vers ces "voix oubliées", et voulait les faire ressortir de la terre, de la pénombre et de l’enfer… Mais dans une Chine actuelle où la culture et surtout la littérature sont encore très censurées, le meilleur moyen qu’a trouvé Mo Yan de
"crier"