Mondialisation drogue
Le constat officiel qui soutient cette orientation de la lutte « antidrogues » pour le XXIème siècle est que les trafiquants de drogues et ceux qui blanchissent leurs bénéfices utilisent des phénomènes liés à la phase actuelle de mondialisation afin de développer leurs activités. Ainsi, la baisse des coûts de transport et la multiplication des liaisons maritimes, aériennes et routières, la croissance des échanges commerciaux mondiaux, l’unification croissante des marchés financiers nationaux à travers l’informatisation des transferts électroniques et l’utilisation de paradis fiscaux et autres places « offshore », la diffusion des savoir-faire agricoles et chimiques et de manière générale l’interdépendance croissante des pays, etc., sont identifiés comme favorisant la mondialisation du phénomène drogues[1].
S’il y a en effet peu de doutes que le phénomène drogue se mondialise, l’explication officielle pose problème. Il s’agit d’une explication partielle qui ne considère que les modalités techniques du phénomène drogue. Mais en réifiant le « hardware », sur lequel on fait porter toutes les mesures de contrôle, on oublie le « logiciel ». Nous désignons du terme de « logiciel » les motivations des acteurs du phénomène drogue et les environnements politiques, économiques, sociaux, culturels et stratégiques qui les influencent.
Parce qu’il efface ces motivations et leurs contextes, le discours qui soutient la politique antidrogues actuelle est simpliste et mystificateur. Il repose sur un dogme qui fait des drogues illicites le mal absolu et réduit les acteurs à la seule dimension de « criminels ». Les États, dont l’utilité est contestée par l’idéologie néolibérale qui caractérise la phase actuelle de mondialisation, ont trouvé jusqu’ici dans cette démagogie antidrogues une source de légitimation.
Pour comprendre la mondialisation actuelle du phénomène drogue et la maîtriser, il semble au moins aussi fondamental, pour des sociétés