Mondialisation, menace ou bienfait
Dans le présent chapitre, j'ai tenté de montrer que l'intégration internationale peut donner lieu à la désintégration nationale, qui peut se manifester par une hausse du chômage, de la pauvreté, de l'exclusion ou de la marginalisation.
Le pouvoir des gouvernements nationaux et leur capacité d'adopter des politiques nationales et de payer les services sociaux a été réduite sans qu'il y ait eu expansion correspondante d'un gouvernement supranational ou d'une collaboration internationale efficace. Les dépenses au titre du bien-être social et les subventions pour les programmes d'aide aux pauvres ont été comprimées ou les services privatisés, si bien que ceux qui n'ont pas d'argent pour les payer doivent s'en passer. Le retard qu'accusent les institutions politiques par rapport à la mondialisation de la technologie, à la déréglementation et à la libéralisation entraîne une perte de la capacité de gouverner. Karl Polanyi (1944) a écrit que le marché national est enchâssé dans la société et l'État, mais qu'aucune autorité de ce genre ne régit le marché international13. L'État favorisait le bien public du marché tout en combattant les problèmes qu'il comportait. Cependant, nous n'avons pas d'équivalent mondial ; à l'échelle internationale, le marché règne en maître. Il y a bien quelques règlements, politiques et mécanismes de protection mondiaux, mais les gouvernements nationaux battent en retraite, réduisant les services sociaux, l'assiette fiscale et les filets de sécurité, quoique les grands discours devancent les actions concrètes.
Les forces mondiales diminuent le pouvoir des gens d'influer sur les politiques de manière démocratique au palier national. Par ailleurs, à l'échelle mondiale, il n'existe pas d'institutions démocratiques qui permettraient aux gens de maîtriser ou même d'influencer leur destinée. Ces phénomènes doivent être analysés et faire l'objet de politiques.
Ainsi, il faut d'abord explorer comment différents