Monologue d'auguste
Corneille, comme souvent dans son œuvre s'inspire de l'histoire romaine pour composer sa tragédie, Cinna ou la clémence d'Auguste, représentée en 1641, qui raconte comment Auguste, informé du complot de Cinna contre lui, choisit l'indulgence face à son adversaire. Mais si la pièce rencontre un succès immédiat, c'est parce qu'elle fait écho aux questions de son temps : à cette époque, Richelieu fait face à de multiples conspirations de la noblesse qui conteste l'établissement de la monarchie absolue de Louis XIII. L'intrigue associe politique et amour : pour venger son père, victime des proscriptions d’Auguste, Émilie, devenue sa fille adoptive, complote contre lui. Par amour pour elle, Cinna, ami et confident d’Auguste, accepte de prendre une part active au complot : il encourage ainsi Auguste, qui veut abdiquer pour rétablir la république, à se maintenir au pouvoir, pour conserver une raison de l’éliminer. Mais son rival, Maxime, par jalousie, révèle le complot à Auguste. Au début de l'acte IV, le prince est alors placé devant un douloureux dilemme : condamner ou pardonner ?
Ce monologue ( Corneille, Le monologue d'Auguste, IV, 2)s'inscrit dans le genre délibératif, une des parties de l’éloquence antique. Il s'agissait d'exposer face à une assemblée des arguments contradictoires, dans la recherche d’une solution. Le théâtre reprend le procédé, mais dans le monologue : cela accentue la dimension tragique, car le personnage est seul et ne peut dialoguer qu’avec lui-même. A travers ce dilemme quelle image Corneille donne-t-il de la tyrannie ?
LE DILEMME Le monologue permet au personnage d’échapper à ses interlocuteurs. Seul face à lui-même, sans avoir besoin de dissimuler, il peut exprimer ses contradictions, voire ses faiblesses, inavouables pour un empereur. Les changements d’énonciation permettent d’identifier les revirements.
Le tutoiement ouvre le monologue, avec l'impératif, “rentre en toi-même”, et l'apostrophe par