_ La Politique : la politique est l’art de gérer les affaires d’une communauté donnée d’hommes. Elle repose sur la croyance que les hommes peuvent organiser consciemment et décider collectivement du présent et de l’avenir de la société civile. La politique est donc l’art d’institutionnaliser les procédures, les lieux et les moments qui permettent aux individus d’une même société de prendre en charge leur destin collectif. En ce sens, on appellera citoyen l’individu à qui l’on reconnaît le droit et à qui l’on accorde les moyens de faire de la politique. La politique n’est pas en ce sens propre à la nature humaine. Les hommes ont en effet déjà appris à vivre ensemble sur un même territoire sans faire de la politique : « tant qu’ils ne pensèrent pas qu’ils vivaient comme appartenant à un domaine que nous appelons politique, c’est-à-dire comme dépendant d’eux, ils ne pouvaient à proprement parler faire de la politique (et la réciproque est vraie a fortiori) : ils subissaient un pouvoir comme un destin, contre quoi on ne peut rien, puisqu’il n’existe même pas comme tel, tant il colle à ce qu’on est : un pouvoir, fragile ou tout puissant, mais toujours venu d’en haut, dans lequel se distinguent mal l’autorité du chef, l’irrécusabilité de la tradition et la peur des dieux. »1 L’homme invente la politique lorsque le pouvoir n’est plus conçu comme le domaine réservé et naturel d’une lignée, d’un roi, d’un prêtre, etc. mais comme le libre lieu d’une lutte de reconnaissance publique. En un sens technique, on appellera donc politique la lutte que se livrent des partis, des idées, des groupements d’intérêts pour occuper la place du pouvoir et l’exercer. Dans la mesure où la politique est pour une communauté donnée l’art de discuter et de décider de son avenir collectif par l’intermédiaire de représentants (lorsque cela est nécessaire), l’Etat ou l’instance représentative chargée de prendre en charge la volonté générale exercera un pouvoir légitime sur la communauté des hommes