morale
Centrage : On n’a pas besoin de faire de longues études de sociologie pour savoir que certains hommes vivent dans la misère.
Problématique : La morale la plus élémentaire demande qu’on les aide, mais est-ce en fonction d’un sentiment ? On dit volontiers qu’il convient d’être compatissant : en analysant d’une certaine façon la compassion et ses effets, Sénèque montre ici qu’elle ne fait que propager la confusion d’esprit et une certaine impuissance de la pensée. S’il convient néanmoins de porter secours aux miséreux, ce
Corrigé
Sujet
11
Le plan est rappelé pour vous aider, mais il ne doit en aucun cas figurer sur votre copie. À vous de guider le correcteur par l’annonce du plan dans l’introduction, les phrases d’attaque des paragraphes et des transitions.
! Attention
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La morale
PHILOSOPHIE
Corrigé 11 sera donc sans ressentir de compassion, par l’équivalent d’un devoir liant les hommes les uns aux autres, et sans que se manifeste la moindre différence entre la dignité des uns et celle des autres, mais comme la confirmation d’une appartenance à une seule humanité.
I – Comment la compassion peut-elle avoir des effets négatifs ?
A. L’étymologie les laisse prévoir
Compatir, c’est « souffrir avec » un autre, partager ses souffrances.
Aussi Sénèque précise-t-il sans attendre que l’impression produite par les misères d’autrui est bien « maladive », ce qui laisse prévoir que son action consiste à déséquilibrer celui qui la ressent. Sans doute les maux d’autrui nous paraissent-ils « immérités » (on ne compatit pas lorsque la douleur semble méritée), et c’est bien cette injustice qui génère notre réaction, mais il n’en reste pas moins que la compassion introduit en nous un « chagrin », soit un principe négatif puisque « le chagrin brise l’âme, l’abat, la resserre ».
Compatir, c’est ainsi introduire en soi ce qui contrarie la possibilité de la « sagesse » : puisque le chagrin abaisse l’âme, il