Médias et démocratie
Si le savoir est la lumière de l'esprit, comme l'affirmait Pierre Larousse en 1857 dans La lexicologie des écoles, la société actuelle ne paraît plus autant intéressée à s'illuminer l'esprit qu'elle a plus l'être, du moins au sens propre du terme. Ironiquement, à peine quelques années après que Larousse écrivait ces lignes, on concevait le tube cathodique, moteur même de l'outil de transmission du savoir de l'époque qui allait suivre: la télévision. Alors qu'orateurs publics et philosophes sont désormais remplacés par animateurs et producteurs, le savoir n'est plus l'accumulation de connaissances fondées et élaborées, mais bien un produit dénaturé, popularisé, bien emballé et surtout, générant d'immenses profits. Ce produit répond donc également aux critères de tout autre bon produit de notre époque en étant accessible, de moindre qualité, d'une durée de vie limitée et devant être continuellement renouvelé. Tel est le contenu d'une majorité des informations présentées à la télévision. À une époque où l'on vente les mérites de la technologie et de la démocratie, l'individu, citoyen et téléspectateur, est-il réellement le fruit d'une remarquable évolution scientifique et sociale? Ne serait-il pas plutôt un pion dans le jeu de la concurrence, fermement maintenu par cette main invisible tant décrite par les économistes ?
Bien que les fidèles amateurs de la populaire boîte à images dresseraient tous facilement une liste des nombreux avantages qu'on peut lui supposer, sous la frénésie causé par la télévision se cachent de nombreux effets pervers. On ne peut nier la crédibilité qui lui est donnée. Ce fait une fois, combiné avec la faible qualité et pertinence des connaissances qu'elle transmet, cause un problème majeur. En effet, la télévision crée une nouvelle définition de la vérité. Les barèmes de mesure de la véracité d'une information sont transformées. Le téléspectateur n'applique plus les critères d'un