Nana
Depuis l'Antiquité en passant par la Renaissance, l'apprentissage de la représentation du corps a toujours occupé une place fondamentale dans l'enseignement artistique occidental. Au XIXème siècle, le dessin ou "académie" d'après modèle vivant, d'abord un modèle masculin pour devenir ensuite plus généralement une femme nue, devient d'ailleurs la dernière étape du cursus à l'école des Beaux-Arts.
Cet apprentissage commence par la reproduction de gravures, puis de plâtres issus de la statuaire antique, pour finir par le modèle vivant proprement dit.
En 1850, ceux-ci sont alors payés un franc de l'heure ( environ 3 € ). Vers 1875, la pose ordinaire de quatre heures vaudra cinq francs pour les artistes mais trois pour les écoles d'art, considérées comme un employeur stable et régulier. La photographie, d'invention récente, commencera ensuite à concurrencer les modèles vivants. Une autre enquête datée de 1901 recense entre 800 et 850 modèles professionnels très souvent d'origine italienne. Ils résident essentiellement dans les quartiers de Saint-Victor à Paris. Les femmes sont payées 5 F (40 €uros actuels) pour une séance de 4 heures et les hommes 4 F pour une durée identique. Au préalable et pour la petite histoire, le modèle est parfois invité à prendre un bain...
Les nus féminins séduisent surtout et tout naturellement un public masculin sensible au contenu suggestif des images. Ces représentations sont moralement tolérées par la société pudibonde du XIXème grace à l'alibi historique, mythologique, ou exotique chez les orientalistes. Les poils pubiens des modèles, de mauvais goût et prohibés par la loi, sont toujours soigneusement effacés, comme d'ailleurs sur la plupart des toutes premières photographies érotiques de l'époque. En traitant de la nudité féminine, l'Art Pompier ou Académique fédérait finalement performance technique, beauté et plaisir, sans oublier pour autant de donner un sens au tableau.
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