Nature et culture
A. L’homme et l’animal
1. La culture, une spécificité humaine ?
Il faut bien distinguer deux sens du mot nature. Au sens large, tout est naturel, tout fait partie de la nature : toute chose, y compris l’homme, est régie par les lois naturelles universelles (lois de la physique, de la chimie, de la biologie). Au sens étroit, la nature s’oppose à la culture, à tout ce qui relève de l’homme, à tout ce qui est artificiel.
Il est assez facile de distinguer le naturel du culturel. Lorsqu’on se promène dans la nature, on repère très facilement un tas de cailloux qui a été fait par l’homme, ou une figure géométrique tracée dans le sable. Nous devinons instinctivement que nous avons affaire à un produit culturel.
Mais les animaux aussi produisent des objets. La difficulté de distinguer la culture de la nature est accrue par l’existence de formes de cultures animales. Un ornithologue a montré, par exemple, que les moineaux de New York ont un langage qui varie d’un quartier à l’autre de la ville. Quel est donc le caractère essentiel de la culture ? Et faut-il limiter la culture à ce qui relève de l’homme ?
Mais qu’est-ce qui distingue l’homme de la nature ? Beaucoup de choses : le langage, la technique, la religion, l’art, etc. On peut même chercher dans l’un ou l’autre de ces critères le point de départ historique de l’humanité. Certains font commencer l’humanité avec l’usage des outils (pierre taillée), d’autres avec l’art primitif (Lascaux), d’autres avec les premiers rites funéraires, d’autres encore avec le langage, etc. Sans trancher la question, remarquons que ces différentes dimensions de la culture – que nous aborderons dans les prochains cours – semblent toutes relever de l’intelligence : il est vraisemblable que ce soit au moment où l’esprit de l’homme a atteint un certain développement que le langage, la technique, l’art, la religion et même la pudeur sont apparus, comme les produits naturels de cet esprit. Le mythe d’Adam et Eve illustre