Obéir, est-ce renoncer à sa liberté ?
La liberté est chérie des poètes, qui écrivent son nom sur des pages tremblantes, des sculpteurs, qui l'érigent illuminant le monde, des peintres, qui la dessinent guidant le peuple. Chez les philosophes aussi, elle a de nombreuses émules qui cherchent à libérer l'homme de ses chaînes, notamment de celles de l'ignorance. Mais comment concilier l'idée de liberté et la nécessité d'obéir ? Car toute notre vie, nous devons faire face à des contraintes, à des ordres, nous plier à des lois et des conventions. Naïfs sont ceux-là qui espèrent ne pas s'y soumettre, car on ne désobéit pas à une loi : on obéit à une autre. S'ils ne tombent écrasés, ils vivent avec une liberté des plus illusoires. Obéir librement est un exercice de sa liberté, la désobéissance est une forme d'esclavage. Cependant, l'obéissance ne peut-être pratiquée par un individu seul. L'obéissance suppose un ordre, émanant d'une autorité, et une durée. Toute obéissance n'est pas bonne, et celui qui obéit n'est pas nécessairement libre. Un tel peut obéir et être libre, un autre peut être contraint à obéir mais n'a pas renoncé à sa liberté, un dernier peut obéir sans y être contraint, et s'abandonner à l'esclavage.
Obéir est une nécessité. Renoncer à la liberté, n'en est, cependant, pas une, comme nous l'avons vu. Ceux qui obéissent de façon ponctuelle ou temporaire, ceux qui n'obéissent que contraints "par la force des baïonnettes", ceux qui obéissent à un "bon maître", ceux qui sont des "bons élèves", ceux-là ne renoncent pas à la liberté. La contradiction qui peut sembler à première vue exister entre "obéir" et "être libre" n'en est pas une- le véritable paradoxe, c'est plutôt qu'on puisse renoncer à la