oedipe roi
(...) Par un jeu fréquent sur son nom (Oidipous) et sur le verbe signifiant je sais » (oida), Sophocle fait d'Œdipe celui qui sait. C'est par le savoir et par l'art qu'il a délivré Thèbes de la re-doutable musicienne (sic), la Sphinge. C'est au savoir d'Œdipe que fait appel le prêtre, porte-parole du peuple au début de la pièce (...) pour Œdipe, savoir et pouvoir vont de pair. Seul est pourtant un savoir infaillible : celui que procure la mantique et Œdipe en est bien conscient qui s'affirme lui-même, face à Tirésias, comme possédant l'art du devin, mais les de-vins véritables sont aussi clairvoyants qu'impuissants. J.-P. Vernant, Mythe et tragédie, deux, op. cit., pp. 169-170.
Œdipe-Roi relate précisément ce passage d'un savoir humain limité à une clairvoyance divine. Il s'effectue à travers un chemine-ment intérieur qui conduit à la connaissance de soi. L'automutilation, avec les agrafes de Jocaste, signifie le transfert symbolique de la puissance vers l'esprit. Marie Delcourt attribue cette invention à Sophocle. Elle mentionne d'autres textes dans lesquels la responsabilité de l'aveuglement d'Oedipe incombe à ses parents, Laïos, Jocaste ou Polybe. Elle in-siste sur le fait qu'il s'agit, dans la littérature grecque d'un « cas absolument unique de mutilation volontaire » (op. cit., p. 215). Cet épisode essentiel donne ainsi à la tragédie toute son originalité. En effet, tout conduit à cette scène d'aveuglement. L'espace théâtral se rétrécit progressivement : on passe de