Elle n'était pas comme les autres.

------Je l'avais rencontrée des années auparavant. Mais, elle était de celle qu'on ne remarque pas. Une poupée sur une étagère. C'était étrange sa manière de baisser la tête. J'ai compris plus tard, trop tard l'origine de cette étrange manie. En effet, aujourd'hui, quand je regarde le ciel je me dis qu'elle baissait la tête pour protéger ces rubis qui étincelaient dans ses yeux. C'était indécent de nous laisser voir cette fenêtre qui menait droit à l'azur, à son esprit même. Sans doute était-ce inconscient mais elle percevait la menace partout où elle passait, lâchant des vagues de sagesse, de calme, de tendresse. Ses cheveux voletaient derrière elle comme un drapeau de paix. Et pourtant, personne ne lui parlait jamais. Ni même moi. Je l'observais de loin. Je l'ai guettée longtemps. Redoutant ce moment où elle me sommerait d'arrêter de la suivre, me traiterait de tous les noms. Elle ne l'a jamais fait.

------Je suis persuadée qu'elle aurait eu la voix la plus douce qui soit. Celle qui a le goût des nuages et la douceur des rayons du soleil quand il s'éveille. Mais je n'en ai jamais rien su. Je ne sais ni son nom ni son passé. Je sais juste qu'elle habite en face de chez moi, qu'elle n'aime pas quand je remets correctement une de ses mèches de cheveux, qu'elle dessine des arcs en ciel sur les murs de sa chambre. Et que la première fois que mes lèvres ont touché les siennes elle m'a mis une claque. J'ai rattrapé sa main, je l'ai laissée sur ma joue et je l'ai priée de me gifler encore. Elle a baissé la tête et son pantalon, et il ne nous fallut que les dix coups de l'horloge de l'église pour être nues l'une contre l'autre. J'ai toujours sous-estimé la magie du corps. Il parle. Il dit bien plus que les mots ne le feront jamais et reflètent nos sentiments comme la clarté de l'eau qui dévoile les galets qui l'habitent. Son corps était digne d'un grand compositeur. La ligne de ses pieds, en passant par sa cheville, remontant