Penser est-ce dire non ?
----------------------- Penser implique toujours une négation. Oui penser c’est dire non.
Qu’on l’entende au sens général de philosopher ou au sens plus restreint de raisonner, penser implique toujours une négation : rejet des apparences, mise en doute des certitudes établies, critique des systèmes philosophiques antérieurs.
Penser c’est rejeter les apparences :
Alain : «Une idée que j’ai, il faut que je la nie. C’est ma manière de l’essayer. »
Pour Platon, la pensée philosophique se fonde sur le rejet des apparences du donné immédiat. Penser, c’est découvrir ce qui est derrière le monde sensible. De même, créer, c’est ne pas accepter le réel tel quel, c’est classifier le désordre de nos sensations. C’est l’un des sens de la formule de Spinoza : « toutes définition est une négation. »
Penser, c’est mettre en doute les certitudes établies :
Le doute méthodique de Descartes consiste à mettre en question toutes les certitudes établies – évidence des sens ou vérités dogmatiques – afin d’asseoir la pensée sur les bases inébranlables. Or comme dit Descartes : « Douterais-je de tout, il est certain que je doute, partant que je pense ; je pense, donc je suis. » Pour douter, il faut obligatoirement que je pense. C’est en procédant à une remise en question radicale que l’on découvre une première évidence – le cogito – sur laquelle on peut fonder la pensée.
Penser, c’est critiquer les philosophes antérieurs :
Toute pensée philosophique se construit implicitement contre des pensées précédentes ou concurrentes. Socrate rejette les sophistes, Marx critique Hegel. Un courant récent de la philosophie se donne pour tâche de « déconstruire » les systèmes classiques ou idéologies modernes en les « démontant » pour mieux montrer leurs défauts.
Penser, c’est commencer par nier ce qui paraît évident, vrai, certain, réel. – Toute pensée a pour origine une remise en cause, un doute, un « déconstruction ».
Penser, c’est