Il semblera à chacun de nous assez aisé de donner une définition de ce qu’est la perception. Ainsi, peut-on dire : la perception est le moyen par lequel nous connaissons le monde extérieur. Cette conception qui appartient au « sens commun » convient assez bien à la pensée philosophique. Cependant, elle pose plus de problèmes qu’elle n’en résoud. La perception est-elle un phénomène passif, identifiable à la sensation, une pure réception intérieure des objets du monde ? Ne suppose-t-elle pas au contraire une certaine forme d’organisation, de structuration ou de sélection des données sensibles sans quoi elle ne pourrait jamais prétendre être une connaissance ? Ne parle-t-on pas de la perception comme d’un acte ? En ce sens, la perception ne s’accompagne-t-elle pas d’une fonction d’intellection ou de jugement ? Et si tel est le cas, cette fonction est-elle son œuvre propre ou suppose-t-elle l’intervention d’une autre entité, entendement ou raison ? Toutes ces questions peuvent semble-t-il se ramener à la question suivante : en quoi la perception est-elle un phénomène original qui se situe entre la sensation et la pensée réflexive sans se confondre avec ceux-ci ? Insistons enfin sur ce point que le terme « perception » désigne aussi bien l’objet perçu, le « quoi » de la perception que l’ « acte », l’événement, le moyen, le « comment » de la perception. Ne doit-on pas penser que loin d’être un défaut du langage, cette double signification est essentielle à sa perception ? Un aperçu sur les différentes conceptions de la perception dans l’histoire de la philosophie nous permettra d’éclaircir ces