Peut-on être heureux dans l'illusion ?
Comme le souligne Pascal dans ses Pensées, « tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but ». Cependant, comme le souligne Freud dans Malaise dans la culture, « il y a beaucoup moins de difficultés à faire l’expérience du malheur » que du bonheur, tant la souffrance nous menace de tous côtés, en provenance du corps, du monde extérieur ou des relations d’autrui. C’est pourquoi, selon lui, la recherche du bonheur se confond la plupart du temps avec celle du meilleur moyen d’éviter la souffrance, comme la sublimation, les jouissances de l’amour, ou les stupéfiants en tout genre (drogues).
Dès lors, on peut se demander si l’illusion contribue au bonheur, en donnant aux hommes un moyen de soulager leurs souffrances, ou bien si, au contraire, elle ne fait que les précipiter dans la déception et la douleur. En quoi l’illusion est-elle un obstacle au bonheur ? N’y a-t-il pas, cependant, des illusions qui rendent heureux ? Quel bonheur l’illusion est-elle susceptible de procurer ?
Comme l’a bien montré Platon au livre VII de La République au moment de la célèbre allégorie de la Caverne, l’illusion est une tromperie des sens qui nous fait croire à un monde de chimères en tout point opposé à la réalité véritable, dont la connaissance seule peut nous apporter le repos de l’âme et la béatitude.
Chacun fait un jour l’expérience de la désillusion, dans laquelle il découvre qu’il s’était trompé, que ce qu’il avait cru était faux. Ainsi, en 1492, Christophe Colomb croit découvrir les Indes, alors qu’il mettait en réalité le pied sur le sol américain.
Mais, comme le souligne Freud dans L’Avenir d’une illusion, « une illusion n’est pas la même chose qu’une erreur ». Selon lui, il faut appeler « une croyance illusion lorsque, dans sa motivation, l’accomplissement d’un désir vient au premier plan ». Dès lors, toute illusion est une déception