Peut-on affirmer à la fois que l’homme est libre et que la nature est soumise à des lois ?
Introduction
Depuis la naissance de la science moderne, nous concevons la nature comme soumise à des lois : tout état dans la nature succède à un autre état selon une règle universelle et nécessaire. Or, l’homme semble bien être une partie de la nature. L’acte par lequel la volonté de l’homme se détermine doit donc avoir lieu selon une règle universelle et nécessaire, comme tout autre événement dans la nature. Si tel est le cas, toute acte de la volonté de l’homme est déterminé : l’homme ne veut pas, mais il se meut comme un pantin ; l’homme n’agit jamais à proprement parler, il est agi ; bref, l’homme n’est pas libre, il est déterminé. L’affirmation que la nature est soumise à des lois semble à première logiquement incompatible avec l’affirmation que l’homme est libre. En bonne logique, il faudrait donc renoncer à soutenir que l’homme est libre. Mais reconnaître que l’homme n’est pas libre, c’est mettre en crise toute notre représentation du monde, en particulier notre idée de la morale, qui repose sur l’imputabilité des actions à un libre arbitre. Réciproquement, renoncer à l’idée que la nature est soumise à des lois, ce serait régresser vers une conception pré-scientifique de la nature, accepter les forces occultes et les miracles, bref le surnaturel, chose qui ne semble pas plus acceptable. Enfin, il ne saurait être question de mettre en question le principe de contradiction, autrement dit de réviser la logique elle-même, car cela mettrait en cause la possibilité même de tout discours. En ce sens, la pression de notre représentation du monde exige que nous nous efforcions de re-penser le rapport entre ces deux affirmations, de telle sorte que nous puissions les maintenir toutes les deux. Faut-il maintenir que l’homme n’existe que comme une partie de la nature ? Faut-il relativiser le sens de l’affirmation selon laquelle la nature est soumise à des lois ? Faut-il