Peut on avoir mauvais gout
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Le goût dépravé dans les arts, écrit Voltaire, c'est se plaire à des sujets qui révoltent les esprits bien faits, préférer le burlesque au noble, le précieux et l'affecté au beau simple et naturel. C'est une maladie de l'esprit. » Même un oeil exercé peut ne plus « voir » ce qu'il a constamment sous les yeux. Les uns récusent, instinctivement, ce qui « ne leur rappelle rien ». Les autres tiennent pour admirable tel objet qu'ils associent, à tort, à une oeuvre belle. Ces derniers ont fait les beaux jours des fabricants de buffets Henri II, ils font aujourd'hui ceux des marchands de Louis XV en série. Les uns adoptent d'emblée le jugement des gens qu'ils estiment, les autres établissent leur choix par un antagonisme inavoué envers un individu, un groupe, un milieu qu'ils rejettent. Il est bien évident que la véritable indépendance du jugement et du choix doit pouvoir faire abstraction des tendances qui sont celles du milieu, de la société contemporaine, sans opposition systématique, mais sans soumission aux contraintes ou aux préjugés et, le plus souvent, à contre-courant, puisque les options communes ne sont en général que le résultat d'un renoncement facile à l'élaboration d'une analyse personnelle. Par là, on comprend aisément que le goût pour certaines choses jugées laides n'est pas de l'entière responsabilité de l'individu. Il construit sa réaction face à la société, mais il n'est pas à l'origine de celle-ci.
L'abstraction proprement dite commence avec la conscience de la ressemblance et de la différence. Abstraire, c'est distinguer le caractère commun à plusieurs objets ou le caractère différentiel d'un objet.
Terme général désignant toutes les réactions affectives à une excitation extérieure.
Ce mot désigne l'examen, par la raison, de la valeur logique d'une démonstration.
La notion d'esprit revêt plusieurs sens. Elle désigne d'une part l'intellect, la raison, la pensée. Elle désigne d'autre part l'âme, l'être immatériel qui constitue notre intériorité,