A proprement parler, il n’y a d’agir et d’action que pour les hommes. Les termes « acte » et « inhumain » ne sont-ils pas contradictoires ? En effet, si un acte est commis par un être humain, il ne peut être totalement inhumain car un homme n’a la capacité d’accomplir que des actes possibles pour des êtres humains… Cependant, un acte est, par définition, le résultat de la manifestation d’une force mais n’implique pas forcément de volonté d’agir ni de raisonnement. Il peut donc être irréfléchi et immoral. Mais un acte immoral est-il nécessairement inhumain ?
Au premier abord, on pourrait penser que parler d’inhumanité à propos d’un acte humain serait incohérent car est non - humain ce qui est animal. Donc si un acte est commis par un homme, il ne peut être inhumain. Mais, dans la mesure où un acte inhumain peut également être un acte portant atteinte à l’humanité, ne peut-on pas plutôt dire que certains actes comme par exemple les crimes contre l’humanité qui déshumanisent leurs victimes,peuvent être qualifiés d’inhumains ?
Pour résoudre ce problème, nous montrerons d’abord qu’on ne parle d’acte que concernant les comportements humains et que de ce fait, dire d’un acte qu’il est inhumain est contradictoire. Nous nous attacherons ensuite à montrer qu’un acte ne peut être qualifié d’inhumain si nous considérons l’inhumain comme un jugement de valeur dans la mesure où cela supposerait l’existence d’une nature humaine universelle par delà les différences individuelles et socioculturelles. Enfin, nous nous demanderons si l’inhumain peut être totalement dissocié de l’humain et ainsi s’il est véritablement impossible de dire d’un acte qu’il est inhumain.

I) Agir est réservé à l’être humain et dire d’un acte qu’il est inhumain est donc contradictoire.

L’homme se distingue de tout autre espèce vivante par le fait qu’il « agit ». Les animaux, eux, n’ont pas les mêmes facultés de spontanéité et d’imprévisibilité que les hommes. L’être humain est un « être libre ».