Peut-on douter de tout?
« Malheur à qui n’a plus rien à désirer, il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède » Jean Jacques Rousseau.
Dans cette citation, le philosophe, antérieur à Kant, invoque le fait que le désir est une possession. En effet, c’est un élan, une tendance en direction d’un objet, une poussée vers quelque chose dont on ressent un manque. C’est un « refus » de la satisfaction immédiate, un refus de la possession de l’objet.
Les désirs se renouvellent sans cesse, il est donc difficile de « n’avoir plus rien à désirer », et tout de suite plus aisé, de changer souvent d’envie, d’élan vers un objet.
Kant, philosophe du XVIIIème siècle, dans son ouvrage, les Conjectures sur les débuts de l’histoire humaine, publiées en 1786, il établit des hypothèses sur les débuts de l’histoire humaine, il souligne le rôle indispensable de la raison à propos de la nature et de l’apparition des désirs. Il voit dans l'éveil de l'humanité, un éveil de la raison, autrement dit, le développement de ce que nous appelons la rationalité.
Il va jusqu’à démontrer que la raison ne s’oppose absolument pas aux désirs, mais qu’elle en est plutôt l’origine.
Dans le passage du texte que nous allons étudier, Kant interprète à sa façon le texte de la Genèse, qui est une manière de présenter les débuts de l’Homme. Il l’utilise comme support de réflexion, il s’en sert pour expliquer le rapprochement qu’il fait entre désir, raison et imagination.
Ce texte est constitué de plusieurs axes de réflexion : dans un premier temps, Kant expose les étapes de l’éveil de la raison sur les instincts en général, en quoi consiste l’humanisation. Puis il montre comment du besoin l’homme passe au désir. S’en suit l’interprétation de l’épisode biblique de la feuille de figuier, qui, ensuite abouti à l’explication du besoin qui devient le goût du beau. Dès sa naissance, l’homme se soumet à un besoin élémentaire, nécessaire à la survie, le besoin de se nourrir. Plus qu’un besoin, c’est en