Peut-on désirer sans souffrir?
Quand l’enfant écrit sa lettre au Père Noël, il lui fait la demande de réaliser ses désirs, en l’occurrence lui offrir la possession de jouets désirés. Il se projette dans la situation désirée et se dit intérieurement : “qu’est-ce que je serais heureux si j’avais…”. En attendant que celle-ci se réalise, il ressent un manque, il est malheureux car il souffre de ce manque.
En effet, la notion désirer provient du latin “desiderare”, c’est-à-dire “regretter l’absence de”. On souhaite quelque chose qui n’est pas, on est alors assujetti à une torture, aux tumultes de notre âme entêtée. La question vient alors de savoir si l’on peut désirer sans nécessairement souffrir. Est-ce possible ? Si oui, dans quelles conditions ? Nous nous attacherons à distinguer l’origine du désir, de son fondement ainsi que de sa fin, car il ne faudra pas se réduire à expliquer le désir mais à dégager une compréhension précise sous ses différentes formes.
Nous verrons en premier lieu que désirer, c’est chercher à combler un manque et que cette situation nous amène à souffrir. Mais nous verrons ensuite que la nature du désir réside dans une tension qui fait plaisir, le plaisir s’opposant à la souffrance. Enfin, nous verrons que derrière la notion de désir se trouve celle de la volonté, qui nous pousse à agir pour donner un sens à son existence et ainsi s’arracher à une souffrance qualifiée de fataliste.
***
Dans ce premier temps de la réflexion, voyons en quoi désirer conduit nécessairement à la souffrance.
“Le désir est manque” nous affirme Socrate dans Le Banquet écrit par Platon. Qu’implique cette définition ? Si nous désirons ce qui nous manque, il est tout simplement impossible de détenir ce que l’on désire car une fois l’objet “désiré” en notre possession, il n’est plus manque donc de fait, il n’est plus non plus désir. Conséquemment, nous pouvons déduire que nous avons toujours ce que nous désirions. Si l’on considère le bonheur comme la