Peut-on rire de tout ? Et Alors pourquoi rit-on ? Il faut suivre ici Bergson et remarquer que l’objet du rire est toujours l’humain. Le rire est le propre de l’homme parce que l’homme rit de ce qui lui est propre. « Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible. On rira d’un animal parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme ou une expression humaine. On rira d’un chapeau, mais ce qu’on raille alors, ce n’est pas le morceau de feutre ou de paille, c’est la forme que les hommes lui ont donnée, c’est le caprice humain dont il a pris le moule » L’homme rit de ce qui déçoit son idée de l’humain. Ainsi les fonctions grossières de notre nature, ramenées à leur trivialité sont risibles. (Voir le nombre de blagues ayant pour objet le scatologique ou le sexuel). De même le rire épingle les faiblesses de l’esprit : la niaiserie, la balourdise, l’absurdité ou les faiblesses du caractère : la vanité, l’orgueil, la couardise, l’avarice, les tartuferies ou bien encore les comiques de situation. Le rire sanctionne ce qui nous paraît inférieur à ce que nous devrions être. De là à voir en lui une ruse de la nature, il n’y a qu’un pas, franchi par Bergson par exemple. Le rire aurait une fonction sociale. Il serait le moyen d’obtenir des hommes les conduites souhaitables car rien ne serait plus efficace que la crainte du ridicule ou la peur d’être un objet de risée.
L’analyse de l’essence du risible établit donc que son principe réside dans l’esprit humain. Celui-ci étant sous sa forme immédiate déterminé par un contexte culturel, il va de soi que la pratique du rire varie d’un groupe à un autre. Les blagues des anglais sont parfois hermétiques à un français et réciproquement. Reste que l’homme rit parce qu’il est esprit. Il s’ensuit qu’il est périlleux de prétendre définir des limites a priori. Il suffit que l’esprit s’émancipe des frontières