Peut-on se connaître soi-même ?
« Peut-on se connaître soi-même ? ». Cette question n’est pas sans rappeler la célèbre injonction inscrite sur le temple de la Pythie à Delphes dont l’intitulé exacte est « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les Dieux ». Ce précepte est un appel à la sagesse hautement paradoxal. Il s’agit en effet d’un appel à la sagesse puisque pour les philosophes grecs antiques, la connaissance de soi-même est synonyme de sagesse. Le caractère hautement paradoxal de cette injonction s’explique par le fait qu’elle sous-entend que la connaissance de soi, c’est à dire le savoir dont nous disposons sur nous-mêmes, n’est pas quelque chose d’immédiat ou d’acquis mais serait au contraire une chose devant être le motif d’une recherche. La deuxième partie du précepte, c’est-à-dire le « et tu connaîtras l’univers et les Dieux », semble montrer combien cette tâche est difficile mais, en même temps, donne accès à la sagesse. De plus, une fois admis le fait que la connaissance de nous-mêmes n’est pas une chose immédiate, un obstacle majeur se dresse, et ce n’est pas le seul. En effet, le sujet connaissant et l'objet à connaître sont confondus. La recherche de la connaissance de soi-même devient exigeante. Ainsi, nous ne nous connaissons pas réellement tant que nous n’avons pas entamé cette recherche. Pour approfondir la connaissance que nous avons de nous-mêmes, il faut se demander s’il est légitime de parler d’un soi-même, d’un moi. Autrement dit, le moi en tant que tel peut-il se connaître lui–même ? Le fait de nous connaître pose la difficulté suivante : est-il possible de savoir qui nous sommes à partir du moment où ce savoir concerne une intériorité ? Après avoir répondu à cette question, nous en verrons les moyens et les conditions. Cependant, ils ne sont pas sans limites. Nous les examinerons donc ensuite afin de voir s’ils remettent en question la possibilité d’une connaissance de soi. Enfin, nous verrons, dans une