Peut-on vivre sans religion ?
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On a pu croire, pendant un temps, que les avancées de la science et la généralisation du savoir auraient raison des superstitions et des croyances religieuses qui en sont la forme la plus élaborée. Ce mouvement qui semblait irréversible a été stoppé dans son élan. Il avait pourtant commencé à faire reculer l’obscurantisme dans lequel les différents cultes avaient plongé l’humanité durant des millénaires. Mais, les horreurs dont se sont rendus coupables les différents régimes laïques au cours du xxe siècle (nazisme, communisme, capitalisme libéral) n’ont pas vraiment constitué d’alternative crédible aux théocraties auxquelles peu ou prou, ils avaient succédé. On ne peut que le constater : non seulement la spiritualité n’a pas disparu, mais elle semble avoir repris une certaine vigueur. On ne saurait se contenter d’évoquer les formes les plus spectaculaires (fondamentalisme, terrorisme...). Des confessions ancestrales (juive, chrétienne, musulmane...) qu’on pensait largement décrédibilisées, reprennent une nouvelle jeunesse. D’autres, jusqu’alors confidentielles en occident, sont devenues à la mode (bouddhisme). Quant aux sectes en tout genre (scientologie, témoins de Jéhova, Mandarom etc.), elles font florès. On pourrait se contenter de se gausser devant une crédulité humaine qui confine souvent à l’absurde, quand ce n’est pas au pathétique. Mais on ne peut opposer des croyants plus ou moins stigmatisés pour leur naïveté aux rationalistes qui seuls possèderaient la maturité suffisante et la connaissance scientifique idoine pour percevoir le monde tel qu’il est vraiment. La problématique est bien plus complexe.
2 Côtoyer des familles, des adolescents et des enfants tentés ou imprégnés par la pratique religieuse, quand soi-même on est profondément athée, confronte à un certain nombre de questions. Trois d’entre elles seront traitées ici. La première s’intéressera au caractère sacré ou non de la croyance : la religion peut-elle être critiquée ? La seconde concerne