Peut-on être heureux sans le savoir?
Il semble vraisemblable de soutenir que, si le bonheur est le but final de toutes nos actions et ce que l'Homme désire à chaque instant, alors un individu a nécessairement conscience de son état . Pourtant, est-ce réellement absurde de penser qu'il est possible d'être heureux sans le savoir ? Le bonheur n'existe-t-il réellement que si l'on se pose la question de son existence ? Savoir que je suis heureux suppose que je suis instruit sur la nature du bonheur, et que je suis donc capable de reconnaître cet état non seulement en théorie mais également en pratique. Toutefois, la connaissance pratique du bonheur n'est-elle pas relative à chaque individu et à un certain contexte de la vie ? C'est pourquoi il faut s'intéresser plus globalement aux différentes conceptions du bonheur impliquant ou non la conscience de cet état . On analysera et critiquera dans un premier temps la thèse d'un bonheur rétrospectif, puis celle selon laquelle l'ignorance est une bénédiction, avant de se demander si la conscience est nécessaire à l'expérience du bonheur.
Dans un premier temps, il semble que le bonheur n'apparaisse que lorsqu'il n'est plus, et que je suis incapable de prendre conscience que je suis heureux dans l'instant. Cette idée supposerait donc la nécessité de comparer différents moment de ma vie pour prendre conscience de notre bonheur, une rétrospection. Dans le présent, notre attention est automatiquement portée sur les douleurs ou les éléments qui vont à l'encontre de notre volonté. Cette idée peut s'expliquer par une observation courante dont nous avons tous été acteurs : si je suis en parfaite santé, que j'ai un toit pour vivre et que je mange à ma faim, mais que je rencontre un aléa minime, alors ce sera à cela et à cela seulement que je penserais à la fin de la journée. La satisfaction de mes besoins naturels s'efface, et je ne suis capable de retenir que ce qui est allé à l'encontre de ma