Philo
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Partie I à l'inactuel, et c'est bien cet inactuel qui justifie le désir . Désirer le possible n'a guère de sens et le désir de l'impossible ne peut s'exprimer que d'une seule manière, à travers le désir de « l'impossible absolu », c'est-à-dire de l'éternité. Remarquons cependant qu'il peut y avoir deux marnières de vivre le désir. L'homme peut en effet se complaire dans son propre désir et chercher à faire que ce désir ne se réalise jamais. Le désir s'accompagne alors d'un refus de l'action, c'est-à-dire de la passion. L'homme veut ici se perdre; dans son désir. Mais le désir que l'on veut éternel est toujours en même temps désir de l'éternité. C'est un désir qui refuse de disparaître dans la réalisation, c'est un désir qui nie le temps. Ainsi, le désir qui n'ouvre pas sur la réalisation et que l'homme se plait à cultiver est désir de l'impossible, au sens où jamais ce désir ne se réalisera pas. On peut alors considérer que ce désir que l'on veut éternel, et qui est donc désir de l'impossible n'est sans doute qu'un simulacre de désir. A cette manière de cultiver le désir, de vouloir le maintenir éternellement dans le rêve de l'impossible, s'oppose l'attitude du sage chez qui le désir est toujours en même temps force de réalisation et ouvre donc sur l'action. Le désir de l'inactuel ouvre sur l'actualisation, c'est-à-dire l'action; le désir de l'impossible est enfermement dans la passion.
Conclusion
On peut donc désirer autre chose que l'impossible (le désir de l'impossible est un désir sans fin et malheureux), mais on ne peut désirer autre chose que l'inactuel. Désirer l'inactuel revient à s'engager dans la réalisation, à faire du désir une puissance ; au contraire, le désir de l'impossible (désir d'éternité) est un désir qui jamais ne se transforme en plaisir, qui ne s'annihile pas dans la réalisation. Paradoxalement, le véritable désir est celui qui accepte sa propre disparition, désir de l'inactuel et non de