Philosophie : que gagne-t-on en travaillant ?
Ce que révèle les derniers mots de cette femme c'est un double paradoxe :
Premièrement que le travail est une spécificité humaine. De l'homme seul on dit qu'il travaille. Et pourtant le travail est marqué du sceau de la souffrance, de la torture et de la malédiction (cf étymologie latine tripalim qui ésigne à l’origine un instrument agricole composé de trois pieux permettant aux éleveurs de ferrer les bêtes, Genèse où Dieu maudit Adam et sa descendance, chassé de l'Eden, devra désormais « gagner son pain à la sueur de son front » et Eve « enfanter dans la douleur », d'où la « salle de travail » pour désigner la salle d'accouchement).
Deuxièmement, le travail est un moyen d'émancipation et de satisfaction des désirs (par le biais du salaire) et même temps nous recherchons désespérément du temps libre, c'est-à-dire libéré du travail.
Face à cette double contradiction qui a traversé les âges et les civilisations nous devons reposer à nouveaux frais la question de savoir ce que l'on gagne en travaillant. En effet la question prend une dimension nouvelle au moment où les pays industrialisés le temps consacré à l'emploi salarié est, bon gré mal gré, en baisse continue.
Le travail ne permet-il de gagner qu'un salaire ? Le travail est-il un moyen ou une fin en soi ? Le travail se réduit-il à l'emploi salarié ? Au fond, pourquoi travailler ?
I La nature servile du travail I.1 Nous avons noté la dimension extrêmemnt négative du travail qui véhicule l'idée qu'on ne gagne rien à travailler, si ce n'est la peine et les plus ou moins maigres conditions de la survie. En ce sens le travail s'identifie à la peine. Et ce que cette peine rapporte c'est, au mieux un