Philosophie économique (welfare economics)
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S’il est un champ de la philosophie qui a connu un essor considérable dans les pays anglo-saxons et qui demeure encore trop peu exploré en France, c’est bien celui de la philosophie économique. Ce terme ne désigne pas une « épistémologie » de la science économique, même si certains spécialistes de « philosophie économique » peuvent travailler aussi ce domaine, mais plutôt une approche philosophique des problèmes économiques et sociaux, en dialogue avec les débats des économistes, en particulier avec ceux qui occupent le sous-champ un peu marginal qu’est l’économie du bien-être (welfare economics). Si la philosophie critique de l’école de Francfort a mené avec brio, et beaucoup d’écho en France, le travail d’exploration des enjeux politiques et sociaux de la modernité – philosophie de la reconnaissance, démocratie communicationnelle, etc. – en s’inspirant plutôt des travaux de sociologie historique du capitalisme, de sociologie du travail, de psychologie de la souffrance sociale et d’études politiques des mouvements sociaux, il n’est pas interdit de penser que ce même travail « critique », s’intéressant aux questions de justice sociale, a été produit depuis la Théorie de la justice de John Rawls par une école dite « analytique » en philosophie morale et politique et dont les principales caractéristiques pourraient être définies comme étant les suivantes : aspects normatifs souvent assumés du propos, utilisation des outils de la science économique, de la théorie des jeux et des contrats, de la psychologie et sociologie « rationnelles », volonté enfin d’afficher une clarté dans le discours et de s’inscrire dans des débats académiques précis voire pointus, comme ceux concernant la définition de l’égalité. C’est dans ce sillage que s’inscrivent deux ouvrages récents, écrits par deux représentants francophones de cette manière de faire de la philosophie, Marc Fleurbaey et Caroline Guibet Lafaye.
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